Qu’on me prenne pour une poire, qu’on me croque à pleine dents
Qu’on me jette dans les squares en m’avalant
Qu’on me fume du bout des lèvres, sans jamais m’embrasser
Qu’on me disperse en fumée, je disparais.
Qu’on m’engage et qu’on me classe, qu’on m’envoie faire des grimaces
À de parfaits inconnus au fond des rues
Qu’on me presse comme une orange, qu’on me presse, qu’on me dérange
Sinon je m’immobilise
On m’utilise
Pour des comptes à régler, pour des courses à livrer
Pour des flammes à déclarer, pour des bêtises
Pour des débats inutiles, pour de l’argent trop facile
Pour éviter quelques crises, on m’utilise
On m’utilise
Qu’on me dresse comme un phare, qu’on me laisse faire mon devoir
Qu’on me salue dans les bars, à chaque soir
Et d’un sourire convivial, qu’on m’invite à quelques bals
Puis qu’on me colle en me couvrant de compliments
Qu’on m’inonde de louanges, qu’on m’embrasse les phalanges
Qu’on me prenne pour un ange dans les églises
Qu’on m’adore puis qu’on me change, qu’on me plie et qu’on me range
Encore avec les chemises
On m’utilise.
Pour des comptes à régler, pour des courses à livrer
Pour des flammes à déclarer, pour des bêtises
Pour des débats inutiles, pour de l’argent trop facile
Pour éviter quelques crises, on m’utilise
On m’utilise
Qu’on me prenne par le bras, et sans effleurer ma main
Qu’on me guide et qu’on m’instruise, qu’on m’utilise
Qu’on m’ignore quand il le faut, qu’on m’aborde quand il le faut
Pui qu’on me jette dans la Tamise, qu’on m’utilise
Je suis pas un gars doué, je suis bien trop embrumé
Mais je sens autour de moi ces choses là
Je m’suis fait à la longue, on s’y fait tous à la longue
C’est une idée bien assise, qu’on m’utilise
Qu’on m’utilise
Pour des comptes à régler, pour des courses à livrer
Pour des flammes à déclarer, pour des bêtises
Pour des débats inutiles, pour de l’argent trop facile
Pour éviter quelques crises, on m’utilise
credits
released November 26, 2018
Composé, écrit et réalisé et produit par Antoine Aspirine
Basse: Émile Cartier
Batterie, percussions: Ophélie Luminati
Enregistré par Maxime Philippe aux studios Sophronik
Montréal, en décembre 2017
Antoine Aspirine a gardé en lui les peurs de l’enfance. Sa musique se situe à la croisée de plusieurs chemins. Entre le
caractère obsédant du blues et les grands espaces électriques, les mélodies d’Antoine sont simples et répétitives. Les textes racontent cette joyeuse angoisse qui nait de la collision entre l’imaginaire d’une chambre à coucher et l’âpreté des rues extérieures....more
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